L’intervention d’un huissier de justice est souvent redoutée par bon nombre de personnes ayant des litiges financiers. Bien que cet auxiliaire de justice puisse intervenir pour différentes raisons, une question demeure : à partir de quelle somme un huissier peut-il intervenir ? Dans cet article, nous tenterons de clarifier ce point et présenter les différents seuils d’intervention en vigueur.
Le rôle de l’huissier de justice dans le recouvrement de créances
L’huissier de justice, ou commissaire de justice, est un professionnel du droit dont la principale mission consiste à assurer le recouvrement forcé des créances impayées. Dans ce cadre, il intervient surtout lorsqu’un créancier n’a pas réussi à obtenir le paiement de sa dette après avoir mis en demeure son débiteur. Il agit alors sur autorisation d’un juge et peut procéder à différentes mesures d’exécution telles que la saisie des biens, la saisie-attribution des comptes bancaires, la saisie-vente immobilière, etc.
Le montant minimum pour l’intervention d’un huissier de justice
Il n’existe pas de somme minimum fixée par la loi à partir de laquelle un huissier de justice peut intervenir. En effet, la loi ne prévoit pas de seuil spécifique pour leur intervention. Cependant, dans la pratique, certains seuils informels sont généralement respectés pour éviter des coûts de procédure disproportionnés par rapport à la créance à recouvrer.
Le seuil de rentabilité pour le créancier
Tout d’abord, il convient de noter que le recours à un huissier de justice engendre des frais. Ces derniers comprennent notamment les honoraires de l’huissier, ainsi que les droits et taxes inhérents aux différentes mesures de contrainte qu’il peut mettre en œuvre. De ce fait, chaque créancier doit évaluer la rentabilité de son recours à un huissier au regard du montant de sa créance, sachant que plus celle-ci est faible, moins la procédure sera rentable.
Il n’est donc pas rare que certains créanciers renoncent à faire appel à un huissier si la somme due est trop faible (en général, moins de 100 euros). En effet, dans de tels cas, les frais engagés pourraient dépasser le montant de la dette elle-même.
Le principe de proportionnalité des moyens
En outre, même si la loi ne prévoit pas de montant minimum, l’intervention d’un huissier doit respecter le principe de proportionnalité des moyens. Autrement dit, les mesures de contrainte mises en œuvre par l’huissier doivent être adaptées à l’importance de la créance à recouvrer. Ainsi, il serait disproportionné de procéder à une saisie-vente immobilière pour une dette de quelques centaines d’euros.
Il appartient donc à l’huissier et au créancier de déterminer conjointement les moyens les plus adaptés en fonction du montant de la créance, tout en respectant les limites et les coûts liés à chaque mesure d’exécution.
Les seuils d’éligibilité aux procédures simplifiées
Pour aider les créanciers à recouvrer leurs créances de faible montant sans engager des frais disproportionnés, certaines procédures simplifiées ont été mises en place. Elles permettent une intervention plus rapide et moins coûteuse qu’une procédure classique. Toutefois, elles ne sont applicables que sous certaines conditions et notamment en fonction du montant de la créance.
L’injonction de payer européenne
L’injonction de payer européenne est une procédure destinée au recouvrement de créances civiles et commerciales transfrontalières au sein de l’Union Européenne (à l’exception du Danemark). Elle s’applique uniquement pour les créances impayées dont le montant est inférieur à 2 000 euros (hors intérêts et frais).
La procédure d’injonction de payer nationale
Tout comme la précédente, la procédure d’injonction de payer nationale est réservée aux créances impayées dont le montant est inférieur à un certain seuil. Pour être éligible, la créance doit être inférieure ou égale à 10 000 euros.
La procédure simplifiée de recouvrement des petites créances
Cette procédure est spécifique au recouvrement des créances dont le montant n’excède pas 4 000 euros (frais et intérêts compris). Elle permet notamment un traitement plus rapide des dossiers par les huissiers, sans passer forcément par un juge, tout en respectant les droits des débiteurs.
En somme, il n’existe pas de somme minimum légale pour l’intervention d’un huissier de justice. Cependant, le principe de proportionnalité des moyens et la rentabilité pour le créancier sont deux éléments essentiels dans la prise de décision quant au recours à un huissier. De plus, les seuils d’éligibilité aux différentes procédures simplifiées permettent de répondre aux besoins des créanciers dont les créances sont de faible montant, afin d’éviter des coûts disproportionnés.